LIEU D'ÊTRE ! De l'atelier du peintre à la salle d'exposition
LIEU D'ÊTRE était une installation dont la mise en représentation a été conçue et réalisée en collaboration avec le commissaire invité Jacque Blouin. Constituée de 5 salons, dont une mise en scène de l’atelier servait de préambule. Le salon 3 que l'on voit ici était constitué de six dessins créés spécialement pour l'exposition. L'installation s'inspirait indirectement des «Cabinets d'Amateurs» dont les tableaux, peints au XVIIe siècle, servaient de catalogues aux marchands d’art, instaurant ainsi le tableau comme objet de commerce. Pour accentuer son caractère de collection les œuvres choisies s'échelonnaient de 1995 à 2001. Elle s'inscrivait comme la suite de l’installation VUES À TRAVERS SIX TABLEAUX présentée à Montréal en 1997 où il y avait une corrélation entre le mur en tant que support de l’œuvre et l’œuvre elle-même. Cette fois-ci «l’objet tableau» devient l’élément déclencheur prenant en considération la relation étroite entre le tableau, sa mise en présentation sur le mur de la salle d’exposition et sa métamorphose en mur à tableaux. Une ressemblance fonctionnelle s'établi entre la façon de faire d’un artiste et celle d’un «amateur d’art» qui se constitue une collection. Cette exposition fait la démonstration du rapport entre la représentation des tableaux d’aujourd’hui et celle des CABINETS D’AMATEURS. Ce faisant, les séquences sont conçues comme autant d’allégories du tableau qui traitent de la vue, du goût, de l’odorat, du toucher et de l’ouïe, autant que d'assemblage et de collection. Elle se présente comme un questionnement de l’artiste qui tente, par cette démarche, d’ouvrir un espace de réflexion sur la signification de l’œuvre d’art, comme «objet» de collection ou de commerce. Elle occasionne aussi une réflexion sur les différents sens que peut prendre l’œuvre qui passe du lieu privé au lieu public. L’œuvre se retrouve transfigurée par l’imaginaire contemporain, surtout depuis l’apport de Marcel Duchamp et de ses différentes manipulations des objets usuels transformés en œuvres d’art. Ce projet, sur l’objet tableau et ses multiples possibilités de «représentation» s’adapte aux lieux d’exposition.
Dans ces tableaux «le mur blanc est inexistant... avant de recevoir les peintures mobiles, le cabinet est tapissé de cuir ou de tissu. C'est toujours une surface colorée qui sert de fond aux tableaux»[1] Les oeuvres exposées côte à côte, assemblées en séquence forment un second mur, mur à tableaux, « un mur parcellisé, jouissant potentiellement d'une certaine mobilité intrinsèque». [2]